MANIFEST

Mémoire relatif à l'arrivée du Cte de Grasse Brouillon lettre au duc du Chatelet

Title:
Mémoire relatif à l'arrivée du Cte de Grasse Brouillon lettre au duc du Chatelet
Creator:
Charles-Antoine Du Houx, Baron de Vioménil
Recipient:
Louis-Marie-Florent de Lomont d'Haraucourt, marquis later duc du Châtelet
Date Created:
1781-08-15
Location:
Philipsburg Encampment, New York, USA
Source Identifier:
125

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Au camp de Philippsburg , le 16 août 1781

J’ay eu l’honneur de vous instruire Monsieur le duc par mes lettres des mois de may, de juin et de juillet, de tous les événements relatifs à notre départ de Newport , et à notre marche sur la rivière du Nord . Il ne s’est fait aucun changement dans notre position depuis notre réunion aux américains, mais la frégatte La Concorde revenue à Newport le onze nous ayant aporté des dépêches de M. le cte de Grace à M. de Barras ]], par lesquelles il luy annonce qu’il partira de St-Domingue le 3 ou le 4 de ce mois avec 28 vaisseaux et 3200 hommes de trouppes pour se réunir à son escadre avant le 1er 7bre, et se dévouer ensuite pendant trois mois à servir la cause de l’Amérique. Nous commençons à nous flatter que nos généraux ne perdront pas un instant pour employer cet accroissement de forces à des opérations utiles, et que notre petite armée aura peu être l’occasion de se montrer favorablement. Mais comme les moyens que M. de Grace amène à sa suitte ne peuvent suffire pour attaquer New York , puisqu’il faut toujours se rappeler que les aproches de cette ville sont hérissés de difficultés, qu’elle est gardée par dix mille hommes de trouppes habituées depuis six ans aux événements de la guerre, dont les chefs qui ont de la réputation ont à soutenir à la face de l’univers la cause


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la plus intéressante et la plus décisive pour leur nation, que les armées françaises et américaines telles qu’elles sont au camp de Philippsburg n’ont pas huit mille combattans.

Si vous voulez bien Monsieur le duc ajouter à cette insuffisance et aux moyens des anglais pour la conservation de New York que leur escadre embossée dans le Hook, n’y serait attaqué par des forces supérieures qu’avec le plus grand désavantage, il vous sera facile de juger qu’il faut renoncer par raison à une entreprise de cette importance et que c’est en Virginie , dans les Carolines ou la Géorgie qu’il faut chercher l’occasion de faire valoir les forces de mer et de terre amenées par M. de Grace . Rien ne transpire encor du parti que l’on va prendre, mais l’expérience et la sagesse de nos généraux sont si connues, qu’il feront sans doutte le meilleur usage des moyens passagers qu’ils vont avoir entre leurs mains. Pour moy j’estime que l’armée ne sera plus icy dans cinq ou six jours, qu’elle passera la rivière du Nord pour être dirigée sur la Delaware où elle attendra pour s’embarquer, et être portée sur l’escadre de M. de Grace , que ce général réuni à M. de Barras nous ait fait savoir son arrivée à hauteur des caps de cette rivière. Au reste quelque soient les événements de cette campagne que nous commençons bien tard, et que nous finirons peu être à trois cents lieux d’icy, je m’empresserai de vous en instruire ne voulant jamais perdre aucune occasion de vous prouver mon attention pour ce qui peut vous intéresser, ainsi que la vérité sur tous les sentiments que je vous ay voués M. le duc jusqu’à mon dernier moment.


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Si M. de Grace entre dans la Baye de Chesapeack dès le premier instant de son arrivée dans l’Amérique septentrionale et que ce soit le point donné à M. de Barras pour sa réunion, il serait possible alors que Cornwallis ne se retira de la Virginie qu’en faisant de grandes pertes, car je supose toujours que nous marcherons dans quelques jours et que nous serons à la pointe de l’Elk vers le 10 7bre.


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At the camp of Philippsburg, August 16, 1781

I had the honor of informing you, Monsieur le Duc, by my
letters of the months of May, June and July, of all the events
relative to our departure from Newport, and to our march on the
North River. There has been no change in our position
since our meeting with the Americans, but the frigate
Concord returned to Newport on the eleventh having brought us
dispatches from M. le cte de Grace to M. de Barras, in which
he announces that he will leave St-Domingue on the 3rd or 4th
of this month with 28 ships and 3200 men of troops
to join his squadron before the 1st of February, and
then devote himself for three months to serve the cause of
America. We begin to flatter ourselves that our generals
will not lose a moment in employing this increase
of forces to useful operations, and that our small army
will have the opportunity to show itself favorably (in a favorable light).
But as the means that M. de Grace brings to his aid
cannot be sufficient to attack New York, it must always be remembered
that the approaches to this city
are bristling with difficulties, that it is guarded
by ten thousand men of troops accustomed for six years to the
of war, whose leaders, who have a reputation,
have to support the cause in front of the universe


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the most interesting and decisive for their nation,
and that the French and American armies as they are at
Philippsburg camp do not have eight thousand combatants.

If you would be so kind as to add to this insufficiency, Monsieur le Duc
and to the means of the English for the conservation of
New York that their squadron embossed in the Hook
would only be attacked by superior forces
with the greatest disadvantage, it will be easy for you to judge
that an enterprise of this importance must be renounced for good reason
and that it is in Virginia, the Carolinas, or Georgia,
that the opportunity should be sought to make use of the sea and land forces brought
by M. de Grace. Nothing transpires yet about the course of action
to take, but the experience and wisdom of our generals are
so well known, that they will undoubtedly make the best use of the
means they will have in their hands. For my part
I estimate that the army will no longer be here in five or six days,
that it will pass the North river to be directed on the
Delaware where it will wait to embark, and be carried
to the squadron of M. de Grace, that this general, together with M. de Baras
has informed us of his arrival at the headlands of this river.
In addition, whatever the events of this campaign
that we are starting very late, and that we will finish perhaps
three hundred [lieux] from here, I will hasten to inform you of it,
never wanting to lose any opportunity to prove to you
my attention to what may interest you, as well as
the truth about all the feelings I have devoted to you, Mr. Duke,
until my last moment.


3

If Mr. de Grace enters the Bay of Chesapeack from the
first moment of his arrival in North America,
and that this was the point given to M. de Barras for his meeting
it would then be possible that Cornwallis only withdrew from
from Virginia but with great loss, for I
I still suppose that we shall march in a few days and
that we will be at the point of the Elk about the
10 7ber.