Au camp de Philippsburg , le 16 août 1781
J’ay eu l’honneur de vous instruire Monsieur le duc par mes lettres des mois de may, de juin et de juillet, de tous les événements relatifs à notre départ de Newport , et à notre marche sur la rivière du Nord . Il ne s’est fait aucun changement dans notre position depuis notre réunion aux américains, mais la frégatte La Concorde revenue à Newport le onze nous ayant aporté des dépêches de M. le cte de Grace à M. de Barras ]], par lesquelles il luy annonce qu’il partira de St-Domingue le 3 ou le 4 de ce mois avec 28 vaisseaux et 3200 hommes de trouppes pour se réunir à son escadre avant le 1er 7bre, et se dévouer ensuite pendant trois mois à servir la cause de l’Amérique. Nous commençons à nous flatter que nos généraux ne perdront pas un instant pour employer cet accroissement de forces à des opérations utiles, et que notre petite armée aura peu être l’occasion de se montrer favorablement. Mais comme les moyens que M. de Grace amène à sa suitte ne peuvent suffire pour attaquer New York , puisqu’il faut toujours se rappeler que les aproches de cette ville sont hérissés de difficultés, qu’elle est gardée par dix mille hommes de trouppes habituées depuis six ans aux événements de la guerre, dont les chefs qui ont de la réputation ont à soutenir à la face de l’univers la cause