MANIFEST

Brouillon lettre B de V au prince de Montbarrey

Title:
Brouillon lettre B de V au prince de Montbarrey
Creator:
Charles-Antoine Du Houx, Baron de Vioménil
Recipient:
Alexandre Marie Eleonor of Saint-Mauris, count of Montbarrey, then prince of Montbarrey
Date Created:
1780-10-22
Location:
Newport, Rhode Island, USA
Source Identifier:
165

1

Newport le 22 xbre 1780

Depuis la lettre que je vous ay écritte Mon cher prince, par la frégatte qui a porté le vicomte de Rochambeau en Europe, il ne s’est fait aucun changement dans notre situation en Amérique. Toute notre infanterie a été placée pour l’hyver dans la ville de Newport . La seule cavalerie du duc de Lauzun et sa personne ont été envoyés à Lebanon dans le Connecticut. Rodney a quitté New-York avec neuf vaisseaux dans le mois dernier, pour se raprocher sans doute de la Jamaïque , il a chargé Arbuthnot et Greves de s’occuper de nous avec treize vaisseaux et quelques frégattes qu’il leur à laissé. Ce dernier amiral est mouillé depuis six semaines avec neuf vaisseaux dans la baye de Gardner, à la pointe de Long Island , cette station sera pénible pour l’hyver. Je désire seulement qu’elle serve de leçon aux marins que nous avons icy, pour les décider à des postes de semblable rigueur, lorsqu’il pourront remplir quelques objets d’utilité.

Clinton est à New-Yorck avec la plus grande partie de ses forces. Ce qu’il a détaché pour opérer en Virginie n’a pas eu de succès, et ceux que


2

Cornwallis avait eu dans les Carolines sur la petite armée de M. Green , ont été plus que balancés en faveur des américains dès la fin du mois d’octobre par la destruction ou l’enlèvement total d’un corps de 1500 h, commandéés par le colonel Fergusson , à l’avant garde de Cornwallis .

Il résulte de cette campagne que les anglais n’ont pas eu le moindre succès dans l’Amérique septentrionale depuis la prise de Charlestown , qu’ils nous ont souffert à Rhodes Island sans avoir tenté la moindre entreprise quoyqu’ils eussent des forces de mer, et de terre, trois fois plus considérables que les nôtres, qu’ils nous ont laissé tirer depuis quatre mois des subsistances du Connecticut par le Sund , qu’ils auraient enlevées sans difficultés si ils avaient eu une seule frégatte ou quelques cutters le long de cette côte et que le commerce des villes de Boston et de Philadelphie soit fait avec autant et peut-être plus d’avantage que pendant la paix. L’hyver se passera tout aussi tranquilement soit icy, soit à l’armée de M. de Washington . Le général a pris ses quartiers


3

le premier xbre sur la rivière du Nord , il en a établi la tête à West-Point et son quartier général à New Windsor . Les levées de trouppes pour cette armée se font avec succès. Si les nouvelles dispositions du Congrès ont leurs entiers effets elle sera effectivement portée à 3500 h le premier avril, et il sera fourni à l’avenir, à son habillement, à son entretien comme à sa subsistance avec assez d’exactitude pour qu’on puisse se flatter de la conserver sur le même pied pendant le reste de la guerre. S’il plait au roy de nous envoyer pour la même époque dix vaisseaux, huit ou dix mille hommes, et suffisament d’argent pour leurs subsistances, et pour ayder même à celle des américains si cela devenait nécessaire, ainsi qu’aux dépenses extraordinaires, nous ne serons pas sur la déffensive au mois de juin, et nous aurons peut-être mérité quelque estime de nos compatriotes et de nos ennemis, avant le premier novembre. Au reste si on veut finir cette guerre glorieusement il faut prendre


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la Jamaïque et chasser les anglais de New-York et de Charlestown l’année prochaine. Combinez vous si bien avec les espagnols qu’ils partagent avec nous la gloire de prendre la Jamaïque, et fiez vous à notre honneur pour être sur que nous serons tous entrés à New-York , ou que M. Washington poura y donner des ordres avant le premier xbre, si on nous envoye tout ce qui est indispensablement nécessaire pour l’attaquer. Si on veut bien combiner dans le conseil du roy que les anglais ont actuellement 14000 h dans cette place ou à la garde des forts, redoutes ou retranchement qui la déffendent et qu’elle ne peut être attaquée avec succès qu’en embrassant l’isle dans laquelle elle est située, par Long Island et Staten Island , comme par les deux rives de l’embouchure de la rivière du Nord. Les ministres trouveront sans doutte qu’une entreprise de cette importance demande de grands moyens, et ne balanceront pas à nous les envoyer à M. le cte de Rochambeau sans le moindre retard.


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Je dois encor observer qu’en supposant que l’armée américaine soit complètée et entretenue, au grè et suivant les dispositions du Congrès, ce que je ne croirai que lorsque je l’aurai vu, M. Washington ne poura concourir au siège et aux attaques de Neuf York , qu’avec 15000 hommes, tout ce qui restera de cette armée devant être employé nécessairement dans les Carolines et la Virginie , pour empècher MM de Cornwallis et de Leslie de s’emparer de ces deux provinces intéressantes.

Nous venons de perdre M. le cher de Ternay à la suitte d’une fièvre de quelques jours. M. le cher Destouches qui a pris le commandement de son escadre est un officier de mérite et qui jouit de la meilleure réputation dans tout son corps. Adieu, mon cher prince, vous connaissez....


1

Newport 22 xbre 1780

Since the letter which I wrote to you my dear prince,
by the frigate which carried the viscount of Rochambeau
to Europe, there has been no change in
our situation in America. All our infantry
has been placed for the winter in the city of Newport.
The only cavalry of the Duke of Lauzun and his person
have been sent to Lebanon in Connecticut.
Rodney left New-York with nine ships in the
last month, to get closer to Jamaica,
he charged Arbuthnot and Greves to
to take care of us with thirteen ships and
some frigates that he left them. The latter
admiral has been anchored for six weeks with
nine ships in Gardner's Bay, at the tip
of Long Island, this station will be painful
for the winter. I only wish that it will serve as a
lesson to the sailors that we have here,
to decide on posts of similar rigor, when they
will be able to fulfill some useful objects.

Clinton is in New York with the greater part
of his forces. What he has detached to operate in Virginia
in Virginia has not been successful, and those whom


2

Cornwallis had had in the Carolinas on the little
army of Mr. Green, were more than balanced in
favor of the Americans by the end of October by the
destruction or total removal of a corps of
1500 men, commanded by Colonel Fergusson, in
Cornwallis' advance guard.

The result of this campaign is that the English did not have
had not had the slightest success in North America since the
since the capture of Charlestown, that they have suffered
at Rhodes Island without having attempted the least enterprise
although they had forces at sea and on land
three times more considerable than ours,
that they have let us draw for four months from the supplies
from Connecticut by the Sund, which they would have removed
without difficulty if they had had a single frigate
or a few cutters along this coast and that
the trade of the cities of Boston and Philadelphia
be done with as much and perhaps more advantage
than during the peace. The summer will pass just
as quietly either here or in
Mr. Washington's army. The general has taken up his quarters


3

the first xbre on the river Noord, he established his
the head at West-Point and his headquarters at
New Windsor. The raising of troops for this
army is done with success. If the new
provisions of Congress have their full effect it
will be effectively increased to 3500 men on the first of
April, and it will be provided in the future, with its clothing
its maintenance as well as its subsistence
with enough accuracy that we can be proud
to keep it on the same footing during the
the rest of the war. If it pleases the King
to send us ten ships for the same period,
eight or ten thousand men, and enough money
for their subsistence, and to help even
to that of the Americans if that should become necessary,
as well as for extraordinary expenses,
will not be on the defensive in the month of June,
and we may have earned some esteem
of our countrymen and of our enemies, before
the first of November. In addition, if we want to finish
this war gloriously it is necessary to take


4

Jamaica and drive the British out of New York
and Charlestown next year. (we should) Combine
so well with the Spanish that they share with us
with us in the glory of taking Jamaica,
and trust to our honor to make sure
we will all have entered New York, or that
Mr. Washington will be able to give orders
before the first of October, if we are sent all that is
necessary to attack him.
If we are willing to combine in the royal council that
that the English currently have 14,000 men in this
place or in the guard of the forts, redoubts
or entrenchments that defend it
and that it can only be attacked successfully
by embracing the island in which it is located
by Long and Staten Island, as well as
by the two banks of the mouth
of the North River. The ministers will no doubt find
that an enterprise of this importance requires great means,
and will not hesitate to send them to M. le cte de Rochambeau
without the least delay.


5

I must still observe that, supposing that the
the American army is completed and maintained, at will and
according to the provisions of Congress, which I will not
believe until I have seen it, Mr. Washington
can only assist in the siege and attacks of New York
but with 15,000 men, all that will be left
of that army to be employed in the Carolinas and Virginia
necessarily in the Carolinas and Virginia,
to prevent Messrs. Cornwallis and Leslie
from seizing these two interesting provinces.

We have just lost M. de Ternay
of a fever of some days. Mr. dear Destouches
who has taken command of his squadron is an officer of merit
and who enjoys the best reputation in
in his corps. Farewell, my dear prince, you know ....