MANIFEST

Lettre de M. de Veimeranges, Intendant

Title:
Lettre de M. de Veimeranges, Intendant
Creator:
Gabriel-Claude Palteau de Veimerange
Recipient:
Antoine-Charles Du Houx, Baron de Vioménil
Date Created:
1781-05-19
Location:
Paris, Ile de France, France
Source Identifier:
138

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Paris , le 19 may 1781

Nous ne scavons de vos nouvelles que par l’ Angleterre, mon cher monsieur le Baron, elles nous laissent de l’inquiétude ; J’en prenddrai toujours aisément sur ce qui vous concerne puisque personne ne prend certainement plus d’intérêt que moi à votre conservation et à votre gloire ; l’opinion générale est que votre débarquement n’a pas pû s’effectuer après le combat naval et que vous ètes rentrés à Newport ; quand pourrons nous en scavoir davantage ? et nous voir à portée de vous montrer tel que vous êtes ? tout le monde était charmé d’apprendre que vous étiez chargé d’une expédition particulière, on ne doutait pas du succès, on était seulement fâché que votre détachement ne fut pas plus nombreux ; c’est ainsi que le


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Mcal (Maréchal) de Broglie même s’en expliquait il y a trois semaines devant moi à marli Notre ministère est toujours le même. Mr Necker éprouve dans ce moment cy une violente secousse ; on doute qu’il tienne aux dégouts qu’il essuye, à moins d’une satisfaction éclatante qui fasse cesser les propos et les écrits qui ne tarissent point contre luy. Sous beaucoup de rapports sa retraite serait une catastrophe pour la France. D’icy à 15 jours cette grande affaire sur laquelle on vous écrit surement plus en détail que je ne puis le faire, sera décidée. J’espère que nous conserverons longtems Mr le Mis de Ségur ; mon témoignage sur son compte pourrait paraître suspect car il me comble de marques de bonté et de confiance.


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J’ai fort à coeur de les mériter et j’y fais de mon mieux il a le coeur excellent, l’esprit juste et les intentions droites et pures ; son âme est élevée et ennemie de l’intrigue et de toute espèce de manoeuvre ; ses ennemis disent qu’il luy faudrait plus de portée, mais c’est souvent un moyen de s’égarer, et pour être bon ministre de la guerre un jugement sain, la volonté du bien, et beaucoup d’attention à se faire bien seconder peuvent suffire. Sérilly m’a fait remettre une boîte pour vous dont le Sr Chanet est chargé ; le colonel Laurent l’a été par moi d’un paquet à votre adresse que m’a fait passer Mde le Baronne . Le travail pour les hôpitaux dont j’ay été chargé est enfin terminé ; l’ordonnance sera remise au Roy dans 3 jours ; s’il en


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s’il en tems encore on enverra des exemplaires à votre armée. Je remet à Mr de Charrin le bureau qu’on luy avait ôté mal à propos ; j’ay répondu à Mr de Ségur qu’il y aurait lieu d’être content de luy, et j’en suis bien convaincu. Je reste chargé de l’intendance de l’armée des côtes qui n’aura point cette année de général ni de rassemblement, et des détails relatifs à la vôtre ; cela me suffit dans ce moment. On a senti la nécessité d’aider les américains et Mr Necker a été le 1er à y concourir ; il faudra je crois étendre les secours si l’on veut qu’ils soient efficaces. Le colonel Laurens est un brave homme zélé pour sa patrie, mais il est neuf, minutieux et fatiguant comme négociateur. Mr de Vergennes verra enfin les écrits sur la conduite du Sr Holker . Mr Tarlé peut se rappeler ce que je luy en ai dit en partant Adieu mon cher monsieur le Baron ; je cause bien longuement avec vous, mais j’y trouve tant de plaisir et les occasions sont si rares. J’ose croire que vous comptez sur ma fidèle amitié comme je me plais à compter sur la vôtre. Veimeranges .


1

Paris, May 19, 1781

We only know of your news from
England, my dear Monsieur le Baron,
they leave us worried;
I will always take it easy on what
concerns you, since no one
certainly takes more interest than I do
in your preservation and your glory than I am.
The general opinion is that your landing
could not take place after the naval battle
and that you have returned to Newport; when can
can we know more?
and see us in a position to show you
as you are? Everyone was
charmed to hear that you were
that you were in charge of a particular expedition
we didn't doubt
of your success, were were only annoyed that
your detachment was not more
numerous; it is thus that the


2

Mcal (Maréchal) de Broglie himself
explained himself three weeks ago
in front of me at Marli.
Our ministry is always
the same. Mr. Neker (Necker) is experiencing
this moment a violent
shake; it is doubtful that it is due to the
disgust he is experiencing, unless he receives a
satisfaction that will make the
the words and writings diminish that do not cease against him.
In many ways his retirement would be a catastrophe
France. Within 15 days this
affair about which you you will be informed of
in more detail than I can, will be decided.
I hope that we will keep
Mr. le Mis de Ségur for a long time; my testimony
on his account could appear
suspicious because he fills me with
kindness and confidence.


3

I have a strong desire to deserve them and I do
my best he has an excellent heart
a just spirit
and pure intentions; his soul
is elevated and he is an enemy of the intrigue
and of any kind of maneuver; his
enemies say that he would need
more scope, but this is often a way to
go astray, and to
be a good minister of war
a sound judgment, the will
of doing good, and much attention
to be well assisted can
suffice.
Sérilly had me give you a box
for you that Sr. Chanet is in charge of
Colonel Laurent
was given a package by me
to your address that
Mde le Baronne passed on to me.
The work for the hospitals which I was charged with is finally finished.
the ordinance will be given to the
be given to the King in three days; if he


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if there is still time, we will send
copies to your army. I
give to Mr. de Charrin the bureau/department
which had been taken away from him at the wrong time;
I answered Mr. de Ségur that
that there is reason to be happy with him,
and I am quite convinced of that.
I am still in charge of the stewardship of the
the army of the coasts, which will not have
this year a general of a
general or assembly, and of the details
relating to yours; that is enough for me at the moment.
We felt the need to help
the Americans and Mr. Neker
was the first to contribute to it; it will be necessary
I believe to extend the help if it is to be effective. The
Colonel Laurens is a brave man
zealous for his country, but he is
new, meticulous and tiring
as a negotiator.
Mr de Vergennes will finally see the writings
on the conduct of Sr. Hoker. Mr.
Tarlé can remember what I told him when he left
Farewell my
my dear Monsieur le Baron; I talk at length with you,
but I find so much pleasure in it and the
occasions are so rare. I dare to believe that you
count on my faithful friendship as I am pleased to count on yours.
Veimeranges.