MANIFEST

Brouillon lettre B de V à Mis de Castries - Arrivée armée en Amérique du sud - Perte de la Bourgogne

Title:
Brouillon lettre B de V à Mis de Castries - Arrivée armée en Amérique du sud - Perte de la Bourgogne
Creator:
Charles-Antoine Du Houx, Baron de Vioménil
Recipient:
Charles Eugène Gabriel de La Croix, marquis de Castries
Date Created:
1783-02-19
Location:
Aboard the vessel "Triomphant"
Source Identifier:
155

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A bord du Triomphant le 19 février 1783

M. le Mis

M. le Mis de Vaudreuil vous instruisant avec détail des événements qui l’ont empêché de rallier l’Auguste, l e Pluton et le Fantasque à son départ de l’Amérique Septentrionalle, de la perte de la Bourgogne et de la séparation des deux vaisseaux qu’il a fait relâcher à Cuiracao , je me bornerai à vous dire que son escadre a tellement souffert depuis son départ de Boston , qu’elle ne sera pas en état de remettre à le voile avant le dix du mois prochain.

La lettre de M. le cte de Rochambeau de la datte du 20 xbre dont j’ay l’honneur de vous adresser cy joint la copie, n’étant arrivée à Boston que quelques heures après notre départ, je ne l’ay reçue ainsi que les dépêches que M. le Mis de Ségur luy avait adressée les 18 et 26 aoust qu’à mon arrivée icy, où elles m’ont été apportées par l’Auguste qui s’y est rendu directement de Porthmouth .


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Qoyque l’intention du roy n’ait pas été que je m’embarquasse avec les trouppes que M. le cte de Rochambeau m’avait ordonné de conduire dans les Indes de l’ouest , comme j’ay adressé à M. le Mis de Ségur avant mon départ de Boston , une copie de l’instruction particulière qui m’avait été donnée par ce général, que j’ay eu l’honneur de vous prévenir de mon obéissance aux ordres que je venais de recevoir et de mon empressement à vous instruire des événements qui auraient trait à l’avenir du corps de trouppes qui m’avait été confié, je crois maintenant de mon devoir de ne pas m’en séparer que le roy n’ait prononcé sur sa destination ultérieure, ou que M. le Mis de Vaudreuil ne m’ait mis en état de le remettre entre les mains de M. le Mis de Galvez ou à la disposition de MM de Bouillé et de Bellecombe .

J’ay prévenu ces deux gouverneurs généraux de mon arrivée sur cette côte afin qu’ils puissent se concerter à l’avance avec M. de Galvez sur l’emploi des trouppes que je commande. Lorsque M. de Vaudreuil poura les faire


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débarquer conformément aux ordres du roy que vous pourez Monsieur le marquis luy adresser directement ou que M. de Bouillé poura luy faire parvenir.

J’ay fait passer à M. le Mis de Bouillé par une voye sure des copies des différents ordres qui m’ont été adressés successivement. Je l’ay assuré en même tems que tous ceux qu’il me ferait parvenir seraient exécutés avec le zèle et l’exactitude que je mettrai toujours à ce qui poura intéresser le service du roy, et que s’il allait mieux encor à l’utilité de la chose ou ses vues particulières que je remette à mon frère le commandement des trouppes que nous avons amenées dans l’Amérique méridionale, cela serait fait au premier mot que je recevrais de sa part. J’ay cru Monsieur le Marquis cette démarche convenable pour ma position, et surtout pour que les ordres du roy soient exécutés sans le moindre retard.

Quoyque la plus grande partie des vaisseaux qui sont icy ayent été plus de cinquante jours à la mer pour s’y rendre nous n’avons que très peu de malades, et sans le malheur de la Bourgogne


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qui nous a fait perdre dix officiers et une centaine de soldats ou matelots, nous aurions à nous louer à tous égards du bon état dans lequel se trouve notre petite armée.

Le Fantasque qui a du partir de Providence quinze jours après notre départ de Boston pour se rendre à Porto Platta étant chargé de près de 400 hommes des différents régiments qui sont icy et de beaucoup d’effets d’artillerie et d’hopitaux, le tout aux ordres de M. d’Esperon major du Rgt de Soissonnais, j’ay prié M. de Bellecombe par une dépêche particulière de vouloir bien ordonner que ces hommes soient débarqués et placés dans l’isle de St Domingue de la manière qui poura le mieux assurer leur conservation, jusqu’au moment où ils se réuniront à leurs régiments. Je luy ay demandé même service pour deux compagnies du Rgt de Saintonge embarquées sur l’Allegeance à qui M. de Vaudreuil a également ordonné de se rendre à Porto Plata en cas de séparation. M. de Solano ne s’était pas trouvé au rendez vous qu’il avait indiqué et dont il était convenu sous les yeux de M. de Galvez et de Bellecombe avant son départ de St Domingue , M. de Vaudreuil m’en parait d’autant plus touché qu’il sent parfaitement les inconvénients de sa position actuelle, et que ce n’a été que la suitte d’une traversée très orageuse après avoir perdu La Bourgogne et lutté pendant plus de quinze jours contre des courants de la plus grande force qu’il a pu se rendre icy et y réunir neuf vaisseaux de son escadre.


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M. de Champmartin n’ayant pas encor rejoint M. de Vaudreuil depuis son nauffrage ce ne sera qu’après son arrivée icy, Monsieur le Marquis, que je pourai vous rendre compte de la manière dont se sont exécutés les différents ordres qu’il a pu donner aux trouppes de terre qu’il avait à son bord depuis le moment de son malheur jusqu’à celuy où il s’est décidé à quitter son vaisseau. Je joins icy l’état des officiers et soldats qui ont été noyés à la suitte de la perte de La Bourgogne, tous ceux qui ont été conservés sont revenus icy de 35 lieux à travers des déserts, la plupart sans chemises, sans souliers et dans un état de misère le plus affligeant. Nous ne saurions trop nous louer d’ailleurs des soins que s’est donnée l’administration espagnole pour leur procurer dans les différents lieux de leur passage tous les secours que les lieux et la circonstance ont pu luy permettre. J’ai aussi l’honneur de vous adresser un état détaillé de tout ce qui a été embarqué à Boston et à Providence de l’armée aux ordres de M. le cte de Rochambeau . J’ay l’honneur d’être ...


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Etat des officiers et soldats du Rgt de Boubonnais qui ont été noyés à la suitte du nauffrage de La Bourgogne

Officiers

Bourbonnais

M. de Caupenne cap. en second de chasseurs M. de Trogoff sous lieutenant M. de Merindol sous lieutenant M. de La Fège sous lieutenant

Soldats

Chasseurs 10 Comp. de Dessondes 8 Comp. de Labrue 9

Artillerie M. de Faguette Lieut en troisième Sergents 2 Canoniers 3


1

On board the Triomphant on February 19, 1783

M. le Mis

M. le Mis de Vaudreuil informing you in detail
of the events which prevented him from joining the Auguste,
the Pluto and the Fantasque on his departure from North America, of
the loss of the Burgundy and
the separation of the two vessels which he made to rest
at Cuiracao, I will limit myself to telling you that his squadron
has suffered so much since leaving Boston,
that it will not be in a condition to set sail again before the tenth
of next month.

The letter from M. le cte de Rochambeau of the date
of which I have the honor of sending you the attached copy,
having arrived in Boston only a few hours
after our departure, I only received it as well as the dispatches
that M. le Mis de Ségur had addressed to him on the 18th and 26th of
August until I arrived here, where they were brought to me by the Augustus
who went there directly from Porthmouth.


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Although the intention of the king was not that I embark
with the troops that M. le cte de
Rochambeau had ordered me to take to the
West Indies, as I had addressed to M. le Mis de Ségur
before my departure from Boston, a copy
of the particular instruction which had been given to me
by this general, that I had the honor to warn you
of my obedience to the orders I had just received
and of my eagerness to inform you of the events
which would have related to the future of the corps of troops which have been
entrusted to me, I now believe it to be my duty
not to separate myself from it until the king has decided on its future
or that M. le Mis de Vaudreuil has not
put me in a position to hand it over to
M. le Mis de Galves or at the disposal of MM.
de Bouillé and de Bellecombe.

I have informed these two governors general
of my arrival on this coast so that they can consult
in advance with M. de Galves on the use of the troops
that I command. When M. de Vaudeuil can make them


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to disembark in accordance with the orders of the king that you can,
Monsieur le marquis, send to him directly or that
M. de Bouillé can send him.

I sent to M. le Mis de Bouillé by a sure way
copies of the various orders which were successively addressed to me.
I assured him at the same time that all those which he would send me
would be executed with the zeal and exactitude
that I will always put to what will interest
the service of the king, and that if it was still better for the utility of the
thing or his particular views that I hand over to my brother
the command of the troops that we have brought
in South America, that would be done at the first
word that I would receive from him. I thought Monsieur le
Marquis that this step was appropriate for my position, and
especially so that the orders of the king are carried out without the
the least delay.

Although the majority of the ships which are here
have been more than fifty days at sea to get there,
have very few sick, and without the misfortune of Burgundy


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which caused us to lose ten officers and a hundred soldiers
or sailors, we would have to praise in all respects the good state
in which our small army is.

The Fantasque who had to leave Providence a fortnight after our
departure from Boston to go to Porto Platta, being loaded with nearly 400 men
of the various regiments which are here and of many effects
artillery and hospitals, all under the orders of M. d'Esperon major of the
of the Rgt de Soissonnais, I have requested M. de Bellecombe by
a particular dispatch to order that these men be disembarked
and placed in the island of St. Domingue in the manner
that will best ensure their preservation, until
the time when they will be reunited with their regiments. I have
requested the same service for two companies of the Saintonge Regiment
embarked on the Allegeance to whom M. de Vaudreuil has also
ordered to go to Porto Plata in case of separation.
Mr. de Solano had not been at the rendezvous he had
indicated and which he had agreed upon in the presence of M. de Galves
and Bellecombe before his departure from St. Domingue, M. de Vaudreuil
seems to me all the more touched by this as he is perfectly aware
the disadvantages of his present position, and that it was only
the end of a very stormy crossing after having lost
Burgundy and having struggled for more than a fortnight against
currents of the greatest strength that he was able to get here
and gather nine ships of his squadron.


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M. de Champmartin has not yet joined M. de Vaudreuil
since his arrival, it will only be after his arrival here, Monsieur
Marquis, that I will be able to give you an account of the manner in which
the different orders he was able to give to the troops
he had on board from the moment of his misfortune until the moment
until he decided to leave his ship.
I enclose herewith a list of the officers and soldiers who were drowned
following the loss of La Bourgogne, all of those who were preserved
returned here from 35 places through the deserts, most of them
without shirts, without shoes and in a state of utter misery.
We cannot praise enough the care
that the Spanish administration gave itself to provide them
all the help that the places and the
circumstances allowed them in the various places of their passage .
I also have the honor of sending you a detailed statement of everything
that has been embarked in Boston and Providence of the army under the orders of
M. le cte de Rochambeau.
I have the honor to be ...


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State of the officers and soldiers of the Rgt de Boubonnais who were drowned after the wreck of La Bourgogne

Officers

Bourbonnais

M. de Caupenne second captain of the chasseurs
M. de Trogoff under lieutenant
M. de Merindol under lieutenant
M. de La Fège (La Faige) under lieutenant

Soldiers

Chasseurs 10
Comp. of Dessondes 8
Comp. of Labrue 9

Artillery
M. de Faguette Third lieutenant
Sergeants 2
Gunners 3